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  Pour présent, ils apportèrent
Un bâtiment à saint Jorand ;
Un bâtiment à saint Jorand,
Avec une grande somme d’argent.

  Celui qui priera Jorand de bon cœur
Obtiendra de Dieu sa demande ;
Ses prières charitables
Sont agréables à Dieu.

  Saint Jorand est aimé à Plouëc,
Et respecté par tous les habitants (de la commune),
Parce qu’il leur fut prédestiné par Dieu,
Dès le moment où il fut baptisé ![1]


Ce gwerz m’a été communiqué par M. L’abbé Julou, qui a été vicaire de la commune de Plouëc, près Pontrieux, (Côtes-du-Nord.)






  1. Saint Jorand est invoqué par les « Kloers » ou séminaristes, et aussi par les bergers, pour la préservation de leurs troupeaux.

     Il est représenté en la chapelle de la Belle-Eglise, à Plouëc, près Pontrieux, couché sur son tombeau (XVIe siècle), en longue robe, avec capuce abritant sa tête, jambes nues chaussées de brodequins, un bâton à la main droite, à la main gauche, une aumônière renfermant un livre. Un singe est couché à ses pieds. Le tout en granit du pays. Sur un panneau peint sur bois, lequel occupe le tympan de la porte méridionale de la chapelle, le nom est écrit Jorhant. Mais on prononce généralement Jorand, dans le pays. Ce panneau, qui se compose de huit compartiments, représentant chacun une scène de la vie du saint, est, avec le gwerz populaire, le seul document connu sur ce saint, et l’on chercherait vainement quelques renseignements sur lui dans les hagiographes, même bretons.

     Il a été question, dans ces derniers temps, de la canonisation de saint Jorand, — car c’est un de ces nombreux saints locaux de notre pays qui ne sont pas régulièrement saints, en quelque sorte, mais seulement dans la conscience populaire. Rome s’est réservé le canon, en 1634, en approuvant d’une manière générale l’invocation des patrons déjà honorés d’un culte public et autorisé par les évêques, plus d’un an avant 1634.

     Consulter sur la légende du saint, dans la « Revue de Bretagne et de Vendée, » un intéressant article de M. Sigismond Roparts, à qui je suis redevable de ces renseignements, bien que j’aie moi-même visité la chapelle de la Belle-Eglise, et recueilli sur les lieux mêmes une version du gwerz de Saint Jorand, mais moins complète que celle que je reproduis ici.