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  — Ô prince Dauphin, excusez-moi,
Nous ne coucherons pas dans des lits ;

  Nous ne coucherons pas dans des lits,
Mais sur des pierres, ou la terre dure.

  Et le lendemain matin,
Avant de partir de là,

  Elle embrassa par trois fois la porte,
Et la marque de ses deux joues y resta.[1]


Chanté par Marguerite Philippe.






  1. Je ne m’explique pas bien le nom de Toulouse, que porte l’héroïne de ce Gwerz : on l’appelle aussi sainte Jeanne, comme on le voit au quatrième vers.

      On aura remarqué, sans doute, que le nom de Marguerite Philippe revient souvent dans ce recueil, et je dois, à ce sujet, une explication, que, du reste, j’ai déjà donnée ailleurs (dans la préface de mon petit volume : Contes Bretons).
      Marguerite Philippe est, depuis sept ou huit ans, ma chanteuse et conteuse ordinaire. Pélerine par procuration de son état, elle parcourt constamment la Basse-Bretagne en tous sens, pour se rendre (toujours à pied), — aux places dévotes les plus en renom. Partout où elle passe, elle écoute, elle s’enquiert, et me rapporte fidèlement toutes les chansons, tous les récits divers, toutes les pratiques superstitieuses et les coutumes qu’elle peut recueillir ou observer dans ses voyages. Sa mémoire est prodigieuse, et je n’exagère rien en portant à 200, environ, le nombre des chants de toute sorte, et à 150 le nombre des contes merveilleux et autres qu’elle connait. Elle demeure au village de Pont-ann-c’hlan, en Pluzunet, arrondissement de Lannion. Les personnes qui voudraient la consulter au sujet des traditions orales du pays, ne perdraient pas leur temps en faisant le voyage. Mais je dois dire aussi qu’elle ne sait pas un mot de Français.