Entre Coatarsant et Lizandré
Est convenue une rencontre.
Que Dieu leur donne bon voyage,
Et à ceux qui sont au logis, bonne nouvelle.
Le seigneur de Coatarsant disait
Au seigneur de Lizandré, en le saluant :
— J’ai eu une lettre du roi
Pour avoir guerre avec toi, Lizandré.
— Si tu as lettre pour avoir guerre avec moi,
Montre moi ta lettre, que je la lise.
— Le dernier soldat de ma bande
N’allongerait pas la main vers toi, âne.
— Si je suis âne, assurément,
Je ne suis pas âne de nature ;
Je ne suis pas âne de nature,
Mon père était renommé comme homme sage.
Si vous n’avez pas connu mon père,
Tout-à-l’heure vous connaîtrez son fils.
Selle, petit écuyer, ma haquenée blanche,
Mettez-lui une bride d’argent en tête,
Et une selle dorée sur le dos,
Qu’elle soit belle pour porter un âne.
Et quand mon cheval tomberait à chaque pas,
Il me faut aller cette nuit à Vannes.
Le seigneur de Lizandré disait,
À Sainte Anne, quand il arrivait :
— Bonjour à vous, Sainte Anne de Vannes,
Je suis venu encore une fois vous voir.
En dix-huit combats je me suis trouvé,
Et maintenant je vais au dix-neuvième.