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II

  Le duc Dénobré disait[1],
Sur le pavé de Guingamp quand il marchait :
— Où sont les femmes par ici
Qui font tonner le canon ?

  Dur eut été le cœur qui n’eut pleuré,
Sur le pavé de Guingamp s’il eut été,
En voyant les filles et les femmes
Ramassant les garnitures de leurs lits,

  Les tapis, les draps, Les paillasses, les balins ;
Les paillasses, les balins[2],
Les paillasses, les balins,
Pour boucher les fenêtres (les embrasures) des canons.

  Le duc Dénobré disait
Sur le pavé de Guingamp quand il marchait :
— À mes soldats les jolies filles,
À moi l’or et l’argent !

  Le duc Dénobré disait
En arrivant dans le porche de Notre-Dame de Bon-Secours :
— Seriez-vous contente, Vierge Marie,
Que je fisse de votre maison mon écurie,

  De votre sacristie, ma cave au vin,
De votre autel, la table de ma cuisine ?
Il n’avait pas fini de parler,
Que les cloches ont commencé de sonner ;

  Les cloches commencent de sonner,
Et mettent l’épouvante dans leur cœur.
Le duc Dénobré disait
À son petit page, en ce moment :

  — Petit page, petit page, mon petit page,
Toi qui es diligent et prompt,
Toi qui es diligent et prompt de pied,
Va pour moi au sommet de la tour plate ;

  Va pour moi au sommet de la tour plate,
Pour savoir qui est à les mettre en branle ;
Emporte épée et sabres,
Tu combattras des deux mains.

  1. Dénobré et Dénombra ne sont que le même personnage, c’est-à-dire le prince de Dombes, nommé aussi ailleurs, Denoblin.
    Melkunan — doit être le duc de Mercoeur. — Je donne tous ces noms tels qu’on me les dit.
  2. Les BALINO sont des espèces de courtes-pointes particulières au pays.