Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 2 1874.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 55 —

LA FONTENELLE
Première version.
________


I

  La Fontenelle, de la paroisse de Prat,
Le plus beau gentilhomme qui porte des habits,
A enlevé une héritière
De dessus les genoux de sa nourrice ;

  De dessus les genoux de sa nourrice,
Une cousine de la Reine.
La Fontenelle disait
Un jour à l’héritière :[1]

  — Petite héritière, dites-moi,
Que cherchez-vous dans ce fossé ?
— Je cherche des fleurs d’été,
Pour mon petit cousin que j’aime ;

  Mais j’ai peur, jusqu’à trembler,
De rencontrer La Fontenelle ;
De rencontrer La Fontenelle,
Car il me menace de m’emmener ;

  J’ai souvent entendu dire
Que c’est un débaucheur de jeunes filles ;
Que c’est un débaucheur de jeunes filles,
Et surtout d’héritières.

  La Fontenelle répondit
À l’héritière, quand il l’entendit :
— Cherchez les fleurs que vous voudrez,
Vous irez avec La Fontenelle !

  Il l’a placée sur ses genoux,
Et l’a revêtue de sa simarre ;
Il l’a revêtue de sa simarre,
Et l’a conduite au couvent.

  1. Il s’agit de l’héritière de Coadélan, Marie de Coadélan, fille de Lancelot le Chevoir et de Renée de Coëtlogon. C’est au chateau de Mesarnou, dans le bas Léon, où elle avait suivi sa mère, mariée en secondes noces, que l’enlèvement eut lieu. Le château de Coadélan est dans la commune de Prat, canton de la Roche-Derrien.