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Koadalan.


Il jette l’éponge ; et les corbeaux vont la porter au château.

Cependant la pauvre Thérèse était bien fatiguée ; mais elle était pleine de courage.

— Nous n’avons plus que seize lieues à faire, dit-elle, pour atteindre la rivière, et si nous pouvons la passer, nous serons sauvés, car alors le magicien n’aura plus aucun pouvoir sur nous ; mais regardez encore derrière vous, ne voyez-vous rien ?

— Si, mon Dieu ! un chien barbet noir qui est sur nos talons !

Au moment où Thérèse sautait dans la rivière, le barbet noir mordait à sa queue, si bien qu’il lui en resta des crins plein la bouche ! Mais il était un peu trop tard !

— Tu es bienheureux, dit-il, en montrant les dents, d’être sorti de mes terres !

— Oui, répondit Koadalan, mais maintenant je me moque de toi, et j’ai tes trois livres rouges.

— Oui, malheureusement ; mais ces livres-là reviendront à la maison.

— Nous verrons bien cela.

Et le magicien partit en fureur, faisant feu et tonnerre !

Koadalan et Thérèse continuent leur chemin, mais tout à leur aise maintenant, et libres de tout souci. Arrivés près d’une grande pierre, dans un bois, Thérèse parla ainsi :

— Maintenant il vous faudra me tuer.

— Dieu ! que dites-vous là ? Je n’aurai jamais le courage de faire cela.

— Il faudra me tuer, vous dis-je, ou tout ce que nous avons fait jusqu’à présent, sera peine perdue. Saignez-moi au cou, ouvrez-moi ensuite le ventre, puis vous verrez ce qui arrivera.

Koadalan tue Thérèse, il lui ouvre le ventre et est bien surpris d’en voir sortir une princesse d’une beauté merveilleuse !

— Je suis, lui dit celle-ci, la fille du roi de Naples ; mais je ne vous suis pas destinée ; une autre, bien plus belle que moi, sera votre femme, la fille du roi d’Espagne. Mais n’importe en quelle occasion vous aurez besoin de secours, venez ici et dites trois fois : « Thérèse ! Thérèse ! Thérèse ! et j’arriverai aussitôt.

Ils se font alors leurs adieux, les larmes aux yeux. Mais laissons maintenant la princesse, et suivons Koadalan.

— Ce que j’ai de mieux à faire à présent, se dit-il à lui-même, c’est de me diriger vers l’Espagne, puisque c’est là que se trouve celle qui doit être ma femme. Mais quel chemin prendre ?

Il s’habille alors en prince (avec ses trois livres rouges, qu’il avait