rôti, et de bon cidre et du vin ! Et aussitôt tout cela se trouva sur la table. — À merveille ! dit-il alors, tout va bien. Et il s’enivra et s’endormit sur la table. Quand il se réveilla : Il est grand temps, se dit-il, que je me mette à l’ouvrage !
Et le voilà de faire du feu, un feu d’enfer, sous la grande marmite. Et il y entendait un bruit étrange, comme des soupirs et des plaintes d’âmes en peine. Mais il s’en inquiéta peu, et il se rendit à l’écurie. Il donna du trèfle et de l’avoine au jeune poulain, puis il ôta sa veste, prit le bâton de houx et se mit à battre Thérèse de son mieux. (C’était le nom de la jument maigre.)
— Arrête, méchant, aie pitié de moi ! cria la jument.
— Comment, vous parlez donc aussi, vous ?
— Oui, car je n’ai pas été toujours une jument, comme je le suis maintenant, hélas !
— Chez qui donc suis-je ici, où les bêtes parlent comme les hommes ?
— Chez le plus grand magicien qui soit sur la terre, et si vous ne voulez prendre bien garde, il vous arrivera comme à moi-même, et peut-être pis encore.
— Et ne peut-on donc sortir d’ici ?
— C’est difficile ; et pourtant si vous voulez faire comme je vous dirai, peut-être pourrions-nous échapper tous les deux à la griffe de ce démon.
— Dites-moi, vite, car je suis prêt à tout faire pour sortir d’ici.
— Allez aux deux chambres qu’on vous a défendu d’ouvrir, et vous trouverez là trois livres rouges, deux dans une des chambres, un seul dans l’autre. Prenez et emportez ces trois livres, et, puisque vous savez lire, avec eux, vous serez vous-même le plus grand magicien du monde, et, en les perdant, le maître de ce château perdra aussi tout son pouvoir.
Koadalan se rendit aux deux chambres défendues et prit les trois livres rouges.
— Bien ! dit Thérèse ; lisez à présent ces livres.
Koadalan se mit à lire, et, à mesure qu’il lisait, il voyait des choses effrayantes, horribles ; mais il apprenait aussi toutes sortes de secrets, et surtout la manière de prendre telle forme et telle ressemblance qu’il lui plairait.
— Maintenant, reprit Thérèse, il y a là un aigle au sommet de la plus grande tour, et celui-là en nous voyant partir fera un tel vacarme avec ses ailes et poussera des cris si retentissants, que le magicien l’en-