Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/150

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Comme il marchait, rêvant ainsi, il se trouva tout d’un coup en présence d’une belle dame qu’il n’avait jamais vue non plus, mais, qui lui parut aussi douce et bonne qu’elle était belle.

— Bonjour, mon ami, lui dit l’inconnue.

— Bonjour, madame, répondit l’homme, un peu troublé.

— Je sais que votre femme vient de vous donner un neuvième enfant, et que vous lui cherchez une marraine ; je sais aussi que vous avez déjà trouvé un parrain. N’allez pas plus loin, je servirai de marraine à votre enfant, et demain matin, à dix heures, je me trouverai dans le porche de l’église, où le parrain vous a donné rendez-vous. Soyez-y donc avec le nouveau-né et retournez à présent à la maison, auprès de votre femme.

La belle dame disparut alors dans un bois, au bord de la route, et le sabotier, content et joyeux s’en retourna à sa hutte et raconta à sa femme ses deux rencontres. Ils se réjouirent tous le deux de l’aventure et attendirent avec impatience.

À dix heures, le lendemain matin, chacun fut exact au rendez-vous, et l’enfant fut baptisé par le vieux recteur de la paroisse et reçut le nom de Robert. Le parrain donna au père plein son chapeau de pièces d’or toutes neuves et luisantes, et