Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/156

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jours sur nous et ne m’abandonnera pas, à l’heure du danger. Demain matin, de bonne heure, avant le lever du soleil, nous irons ensemble à la chapelle, pour nous mettre sous sa protection, et aussi sous celle de la mère de Dieu.

La mère approuva fort l’idée de son fils, et le lendemain, ils étaient tous les deux dans la chapelle, bien avant le lever du soleil, agenouillés devant l’image de la sainte Vierge, et l’implorant avec ferveur. Cependant, Robert ne voyait pas venir sa marraine, comme à l’ordinaire, et cela l’inquiétait. Ils redoublèrent de prières, à genoux, sur les dalles froides et nues, et la marraine ne venait toujours pas, et Robert commençait à avoir peur. Soudain, ils entendirent au dehors une voix qui leur glaçait le sang et qui criait :

— Robert ! Robert !... c’est ton parrain qui vient te chercher, car le moment est venu... Sors vite de là, et viens avec moi !...

Mais Robert ne répondait pas. Sa mère et lui, dans les bras l’un de l’autre et confondant leurs larmes, invoquaient la mère de Dieu, mettant en elle tout leur espoir. Cependant ils entendaient un grand bruit au dehors, avec des menaces, des blasphèmes, des malédictions. Puis la même voix criait encore, effrayante et plus pressante :

— Robert !... sors vite, ou j’emporte ton père à ta place !...