Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/161

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imprécations, des blasphèmes, un vacarme épouvantable ! Son parrain l’aperçut qui n’osait plus avancer, et il courut au devant de lui.

— Ah ! te voilà donc enfin, mon filleul. Tu as bien fait de venir ; entre, et sois le bienvenu.

— Il faut tenir la parole donnée, répondit Robert, et je suis venu, pour dégager celle de mon père.

— Fort bien ! Viens donc que je te fasse visiter mon royaume.

Et son parrain, qui était le maître de ces lieux, le promena dans cet immense château aux nombreux compartiments, tous remplis de feu et de flammes, et où des diables hideux tourmentaient les pauvres âmes des réprouvés. Il vit des supplices et des tortures de toute sorte ; il vit des damnés qui se tordaient, et qui hurlaient dans des étangs de poix bouillante et des rivières de plomb fondu. Et ils maudissaient les plaisirs, les passions et les vanités du monde, cause de leur damnation, et blasphémaient Dieu, et l’appelaient tyran et bourreau. Robert frémissait d’horreur et détournait la tête, et bientôt il cria :

— Assez ! assez ! Je veux m’en aller d’ici !...

Et il essaya de s’enfuir et de retourner sur la terre. Mais son parrain s’y opposa, et il se mit alors à crier :