Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils faisaient tous les deux la cour à la même jeune fille, Françoise Kerborio, jolie et d’humeur gaie, et qui, de plus, avait un peu de bien. Alain Kerloho était toujours bien reçu et le bienvenu auprès de la jeune fille, qui aimait à l’entendre chanter les jolis soniou qu’il savait en grand nombre, et à danser avec lui, aux pardons et aux aires neuves. François Kerlann, au contraire, était assez mal vu de la belle Françoise, et tous ses efforts pour lui plaire étaient peine perdue. Il en était très-affecté, et il médita de se venger sur son camarade.

Un jour, feignant de plaisanter, il dit à Alain Kerloho :

— Il faut que tu aies charmé le cœur de Françoise ; nuit et jour, elle a l’esprit occupé de toi, et elle ne fait que chanter tes chansons. Méfie-toi, je me vengerai un jour.

— Ma foi, mon cher ami, répondit Alain, je ne saurais te dire ce qui est cause de cela, car tu es plus joli garçon que moi, et tu as aussi meilleure réputation.

— Quand iras-tu la voir ?

— Je compte y aller samedi soir.

— Eh bien ! bonne chance alors.

Et Kerlann conçut le projet d’aller attendre Kerloho sur la route et de le tuer.

Le samedi soir, après son souper, Alain, ne