Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/198

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vous en reviendrez ; mais, avant, videz toutes vos burettes dans les chaudières où les pauvres âmes en peine souffrent des maux inouïs. Si vous réussissez dans votre périlleuse entreprise, comme je le souhaite, du fond de mon cœur, ne manquez pas de venir me voir, au retour.

Le lendemain matin, les, deux voyageurs firent leurs adieux à l’ermite, et, pendant que le vieux moine retournait à son couvent, son jeune compagnon se dirigea seul vers l’extrémité de la grand’lande. Bientôt un diable vint à sa rencontre et lui dit en l’abordant :

— Tu as bien fait de venir de toi-même, car je t’aurais bien trouvé, en quelque lieu que tu te fusses caché. Monte sur mon dos, afin que nous allions plus vite, car ton père est impatient de te revoir.

Et l’enfant, sans hésiter, sauta sur le dos du diable. Mais celui-ci s’enfonça aussitôt en terre, jusqu’à la ceinture, et il rejeta à bas son fardeau en disant :

— Qu’as-tu donc sur toi ? Quelque relique de saint ou un morceau de la sainte croix, sans doute ?

— Je n’ai sur moi ni relique de saint ni morceau de la sainte croix.

— Eh bien ! monte encore, pour voir.

Il sauta une seconde fois sur le dos du diable,