Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/200

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— Non, mon enfant, ne dis pas grâce à moi, mais grâce à Dieu. À présent, tu es donc sauvé, et ta mère l’est aussi, comme toi ; mais, moi, malheureusement, je ne sais encore ce qu’il adviendra de moi.

— Votre repentir, mon père, est si sincère et votre pénitence si dure, que Dieu ne peut manquer de vous pardonner.

— Je sens que l’heure est venue pour moi, mon enfant, de paraître devant mon juge suprême ; je n’ai plus qu’un souffle de vie ; ma chair et mes os eux-mêmes sont calcinés, et je ne verrai pas le soleil de demain. Reste passer la nuit auprès de moi, et prie pour mon âme, qui a grand besoin de prières. Lorsque j’aurai rendu le dernier soupir, tu mettras le feu à la hutte de branchages et de feuilles sèches, et tu y laisseras ce qui reste encore de mon pauvre corps. Lorsque tout sera consumé, tu trouveras parmi les cendres un fragment d’os calciné. Ramasse ce fragment d’os ; mets-le dans un linge blanc, et va le déposer sur le mur du cimetière le plus voisin, puis cache-toi derrière la croix, pour voir ce qui se passera là.


L’ermite mourut dans la nuit, comme il l’avait prédit, et l’enfant brûla son corps, en mettant le feu à sa hutte ; puis il trouva parmi les cendres un fragment d’os calciné, le mit dans un linge