Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/219

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— Eh bien, mon père ermite ? lui demanda celui-ci.

— Hélas ! mon fils, votre ancien maître est dans l’enfer, et mon bon ange ne peut y aller chercher votre quittance.

— Je suis perdu, alors ! s’écria Kerloho.

— Écoutez ; ne vous désolez pas ainsi, car il n’est peut-être pas impossible de vous faire avoir encore votre quittance. J’ai un frère brigand qui a fait tout le mal qu’il est possible de faire dans ce monde, et qui ira certainement en enfer, et sans tarder, car il est déjà vieux. Allez le trouver dans la forêt qu’il habite avec sa bande de scélérats, ou plutôt de diables. Contez-lui votre cas, et il vous enseignera le chemin de l’enfer (car il le connaît bien), pour aller réclamer votre quittance ; peut-être même ira-t-il vous la chercher lui-même. Quel que soit le résultat de votre voyage, venez m’en rendre compte, au retour.

Fanch Kerloho remercia l’ermite de son hospitalité et de ses conseils, puis il se remit en route à la recherche du brigand. Il parvient à le trouver, avec beaucoup de mal, lui expose le motif de sa visite et lui parle de son frère l’ermite, qu’il vient de quitter.

— Ah ! mon frère l’ermite, le vieil imbécile ! s’écrie le brigand. N’a-t-il pas de honte, un saint homme comme il l’est, qui se dit l’ami de Dieu