Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/221

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— C’est bien, maître ! répondit le serviteur.

— Écoutez encore, avant de partir, dit le brigand au fermier, et faites exactement et de point en point comme je vais vous dire : ce serviteur que voilà vous portera jusque dans l’enfer, et n’ayez pas peur de lui, car quelque laid et noir qu’il soit, il ne vous fera pas de mal. Là vous verrez votre ancien seigneur assis sur un siège d’or entouré de feu et de flammes de tous côtés. Demandez-lui quittance du dernier terme que vous lui avez payé, et que son fils vous réclame de nouveau. Il vous en donnera d’abord une qui ne sera pas bonne. Refusez-la, et exigez-en une autre. Il vous en donnera une autre, qui sera encore fausse. Vous entendrez partout autour de vous des cris affreux, des gémissements et des grincements de dents, qui sortiront de bassins remplis d’huile bouillante et de plomb fondu, et où sont retenues les âmes des réprouvés. Des diables hideux entretiennent le feu dessous. Ne vous laissez pas trop émouvoir ni effrayer, et aspergez ces bassins avec le lait de femme que vous avez dans cette burette, et quand les diables essaieront de s’y opposer, jetez-leur à la figure de l’eau bénite que vous avez dans votre bouteille, et cinglez-les à tour de bras avec le fouet béni par votre recteur. Ils pousseront alors des cris affreux et vous crieront de vous en aller. Mais continuez