Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/230

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teur de la paroisse. Quand la messe fut achevée, il sortit de l’église, tout inquiet et pressé de voir si c’était la colombe blanche ou le corbeau noir qui était resté vainqueur. Ô joie ! c’était la colombe blanche, car le petit cercueil se trouvait à présent dans le cimetière. Il en rendit grâces à Dieu et se rendit aussitôt auprès du frère du brigand, l’ermite de la forêt, pour lui annoncer la bonne nouvelle. Contrairement à son attente, le vieillard en témoigna plus d’étonnement que de joie, et il dit même :

— Comment ! mon frère le brigand est sauvé ? lui qui a commis tous les crimes possibles !... Oh ! pour lors, je suis bien sûr d’être sauvé aussi, moi ; je regrette même de m’être donné tant de mal inutilement, puisqu’on peut être sauvé si facilement, et je ne serai pas si sot que de rester une heure de plus dans ce bois !

Il n’avait pas fini de parler, qu’un énorme fracas se fit entendre au ciel, et le tonnerre tomba sur lui et le tua raide !

Hélas ! son âme n’alla pas au paradis, avec celle de son frère le brigand, car pendant que celui-ci était mort dans la pénitence, l’humilité et la contrition, lui se glorifiait et allait jusqu’à douter de la justice de Dieu.

Quant au fils du seigneur, quand il connut le sort des deux frères, le brigand et l’ermite, il se