Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/234

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l’eau que vous apporterez dans votre bouche, de la rivière qui coule au bas du bois, à une lieue d’ici, et vous ne cesserez de l’arroser de la sorte que lorsque vous le verrez fleurir. Alors je reviendrai vous voir, et vous viendrez avec moi au ciel !

L’ange s’envola aussitôt, et le pauvre vieillard se mit à pleurer et à prier Dieu.

Il y avait déjà longtemps qu’il arrosait son bâton, comme le lui avait recommandé l’ange, et tous les jours il s’attendait à le voir fleurir, et il avait constamment les yeux sur lui. Un jour qu’il allait, selon son habitude, puiser de l’eau à la rivière, il rencontra un brigand fameux dans le pays et qui avait assassiné, violé, incendié, et fait tout le mal possible.

— Où allez-vous de la sorte, mon père l’ermite ? lui demanda le brigand.

— Je vais chercher de l’eau à la rivière.

— Mais je ne vous vois point de vase ; comment comptez-vous donc la rapporter ?

— Dans ma bouche, pour arroser mon bâton de houx, coupé dans ce bois depuis plus de dix ans, et que je ne dois cesser d’arroser de cette façon que lorsqu’il viendra à fleurir.

— Vous plaisantez sans doute, mon bonhomme, ou vous avez perdu la tête.

— Hélas ! je ne plaisante point ; mon bon