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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/265

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vu et entendu, sans y rien comprendre. Allez, à présent, à la grâce de Dieu, mon fils, et moi je resterai ici à prier pour que vous puissiez mener à bonne fin votre entreprise.

Joll remercie le vieillard et se remet en route. Il passe heureusement la prairie aux vaches grasses, puis celle aux vaches maigres, puis la belle avenue où l’on festoie et danse, et rit, et chante. Voici le sentier étroit, ardu, caillouteux. Il y entre avec résolution. Mais avec quel mal il avance ! Bientôt il voit venir sur lui quelque chose comme une barrique de feu. C’est épouvantable !

— Hélas ! se dit-il, pour le coup, c’en est fait le moi !

Cependant, il ne recule pas ; il se tient ferme au milieu du sentier, et, au moment où il croyait qu’il allait être réduit en cendres, le feu passa par dessus sa tête, sans lui faire de mal.

Presque aussitôt, il entendit derrière lui un bruit épouvantable, comme si la mer en fureur était sur ses talons et allait l’engloutir. Ses cheveux se dressent d’effroi sur sa tête ; pourtant, il se tient ferme au milieu du sentier, sans regarder derrière lui, et il en est encore quitte pour la peur. Il arrive à l’extrémité du sentier et se trouve arrêté court par une haie d’épines et de ronces haute et très-serrée.