Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/268

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remarqua non loin de là une belle habitation, comme un palais.

— C’est là sans doute le paradis, se dit-il.

Il s’avance et frappe à la porte. Un vieillard à longue barbe blanche, et portant suspendu à la ceinture un trousseau de clés, vient ouvrir et lui demande :

— Que demandez-vous, mon garçon ?

— Le paradis, et il me semble que j’y suis arrivé enfin, après tant de mal.

— C’est bien ici le paradis, en effet ; mais tout le monde n’y entre pas.

— Voici une lettre qu’on m’a donnée à porter au bon Dieu, dans son paradis.

— C’est bien ; donnez-la-moi, et asseyez-vous là sur un fauteuil, et je vais la remettre au bon Dieu et vous apporter la réponse, s’il y a lieu.

Et saint Pierre prit la lettre, pour la porter à son adresse. Joll s’assit dans un beau fauteuil et, apercevant des lunettes sur une petite table auprès, il les mit sur son nez, et vit alors des choses si belles, si belles, qu’il en fut tout émerveillé.

En voyant le vieux portier revenir, il ôta vite les lunettes, craignant d’être grondé.

— Ne craignez rien, mon enfant, lui dit saint Pierre ; voici déjà cinq cents ans que vous regardez avec mes lunettes.