Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/279

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lumière sur son dôme et ses murailles d’or massif produit cet effet[1] ; 2° le seigneur malade du premier château recouvrera la santé, dés qu’il aura fait tuer un crapaud qui est caché sous son lit. Dans une autre version, au lieu du seigneur malade, c’est la fille du roi qui, le jour de sa première communion, s’est trouvée indisposée et a vomi la sainte hostie, en arrivant dans sa chambre. Un crapaud l’a aussitôt avalée, puis il s’est retiré sous le lit de la princesse, où il se tient caché dans un trou. Il faut, pour que la princesse guérisse, qu’elle fasse extraire la sainte hostie du corps du crapaud et la mange de nouveau ; 3° le poirier du second château ne porte de fleurs et de fruits que d’un seul côté, parce qu’il y a un serpent aux racines de l’arbre, du côté stérile, et une barrique d’argent de l’autre côté. Que l’on enlève le serpent et qu’on le tue, et le poirier portera des fleurs et des fruits des deux côtés.

Le héros s’en retourne et fait connaître les réponses qu’il rapporte. Mais il n’est pas au bout de ses épreuves, et il lui faut encore amener au roi la princesse au château d’or, puis le château lui-même, avec la clé, que la princesse a laissée tomber au fond de la mer, et enfin de l’eau de la vie, pour rajeunir le vieux monarque. Il réussit dans toutes ces épreuves, grâce à sa cavale blanche et à différents autres animaux. Au dénoûment, il épouse la princesse du château d’or, et sa cavale blanche devient une belle dame, qui n’est autre que la sainte Vierge elle-même envoyée par Jésus-Christ pour tirer son filleul d’embarras.

On voit que l’élément chrétien a été introduit après coup dans ce conte, et assez maladroitement, du reste. Dans un quatrième

  1. Dans un autre conte bas-breton : La Princesse de Tronkolaine, la réponse à la même question est celle-ci : — C’est que le château de la princesse de Tronkolaine est ici près, et elle est si belle, qu’il faut que je me montre dans tout mon éclat, pour n’être pas éclipsé par elle.
    Voir : Archives des missions scientifiques et ittéraires, 1872, cinquième rapport sur une mission en Basse-Bretagne, pages 5 à 9.