Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/304

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— Rendez-moi, dit-il alors, le papier que j’ai signé avec mon sang, et je m’en irai aussitôt.

— Rendez-lui son papier, vite, vite, et qu’il s’en aille ! cria le chef des diables.

Et on lui rendit le papier qu’il avait signé avec son sang, et par lequel il vendait l’âme de son fils.

— Va-t-en, à présent, va-t-en, vite, vite, et ne retourne pas ! lui criait-on de tous côtés.

Mais comme il ne se pressait pas de partir, et qu’il promenait ses regards autour de lui, comme s’il cherchait quelque chose :

— Que te faut-il encore ? lui demanda-t-on.

— Je veux voir le siège préparé au frère du Pape, au grand brigand ; car il m’a dit qu’il en doit avoir un beau par ici, quelque part.

— Le voilà ! lui cria-t-on.

Et il vit un beau siège d’or, au milieu d’un feu si furieux, qu’il en détourna ses yeux d’horreur.

Alors le marquis s’en alla, emportant le contrat de la vente de son fils, et il revint vers le chef de brigands.

— Eh bien ! lui demanda celui-ci, as-tu vu mon siège là-bas ?

— Oui, je l’ai vu.

— Et comment est-il ?

— C’est un beau siège doré, placé au-dessus des autres, au milieu d’un feu furieux, et dont la vue seule remplit d’horreur !