Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/324

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— Allons nous coucher, car, demain matin, il nous faudra nous remettre en route de bonne heure.

— Non, nous n’irons pas nous coucher encore, dit Innocent ; mais, si vous m’en croyez, nous veillerons tous, et l’on fera venir des archers dans la maison.

— Pourquoi donc ? demanda le seigneur.

— Vous le verrez bientôt.

Le vieux moine dit qu’il était prudent de suivre le conseil de son jeune compagnon, et l’on fit venir des archers.

Peu de temps après, il arriva un inconnu qui demanda à loger, lui et ses chevaux. Il avait plusieurs chevaux chargés de mannequins, et paraissait être un riche marchand étranger.

— Ce n’est pas une hôtellerie ici, lui dit-on.

— Je le vois bien ; mais, comme je me suis égaré et que mes chevaux sont richement chargés, je crains les voleurs ; soyez assez bon pour me permettre de passer la nuit dans votre château ; vous me tirerez d’un grand embarras et me rendrez un signalé service.

On l’accueillit ; on mit ses chevaux à l’écurie, et l’on transporta dans une salle du château ses mannequins, qui étaient forts lourds. On lui servit à souper. Le seigneur et les deux moines l’interrogèrent sur son commerce et ses voyages.