Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/329

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Celui-ci fit sonner les cloches ; tout le monde de la commune accourut, et l’on se rendit processionnellement à l’étang, croix et bannières en tête, et le recteur sous le dais, portant le saint ciboire. Mais les prêtres avaient beau chanter sur la chaussée de l’étang, le chant des grenouilles couvrait les leurs.

— Ce n’est pas tout de chanter, dit alors Innocent au recteur. — Que faut-il donc faire ? demanda celui-ci.

— Il faut conjurer la grenouille qui porte la sainte hostie.

Et le recteur se mit à réciter des oraisons en latin et à faire des signes suivant le rituel, mais en vain.

— Laissez-moi faire, dit alors Innocent.

Il fit le signe de la croix sur l’étang, puis récita une oraison. Et aussitôt on vit une grenouille nager à la surface de l’eau et, suivie de toutes les autres grenouilles de l’étang, venir déposer la sainte hostie dans le ciboire, qui avait été placé au bord de l’eau. Alors les chants cessèrent, et toutes les grenouilles rentrèrent au fond de l’étang.

— Allons à présent chez la malheureuse fille, dit alors Innocent.

Et on se rendit à sa maison. On parvint, non sans peine, à la confesser, à la faire communier,