Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/342

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dans un grand fauteuil, près du feu, alluma sa pipe, déboucha une bouteille de vin et en but un plein verre. Il se remit ensuite à fumer tranquillement, en regardant cuire son quartier de mouton, et en se disant :

— Ce que c’est que la peur ! On s’imagine qu’il y a ici des revenants, ou des diables, que sais-je, moi ?... Et voyez comme tout est silencieux et comme on est tranquille ! Je m’accommoderais bien, quant à moi, de ce logis, surtout si l’on me traitait toujours comme cela...

Et il se versa un second verre de vin et se disposait à le boire, quand il entendit un grand bruit dans la cheminée, et bientôt tomba dans le feu, sans en paraître le moins du monde incommodé, un être étrange, un diable sans doute, qui le saisit, le lança au bas de la salle, aussi facilement que si c’eût été une bûche ordinaire, et s’assit à sa place, dans le fauteuil.

— Ah ! se dit Sans-Souci, il paraît que le sabbat va commencer ! mais, n’importe, nous verrons bien comment cela finira.

Et il se releva, et vint s’asseoir hardiment en face du nouveau venu, dans un autre fauteuil, au côté opposé du foyer. Mais à peine s’y fut-il installé, qu’il entendit de nouveau le même bruit dans la cheminée, et un second personnage, en tout semblable au premier, tomba encore dans le