Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/378

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de façon que l’Ankou, qui était d’abord au chevet, se trouva être au pied du lit. Le médecin improvisé remit alors une fiole d’eau claire à la dame, en lui recommandant d’en faire boire à son mari une cuillerée d’heure en heure. Puis il s’en alla, en disant qu’il reviendrait le lendemain matin.

Le lendemain, le malade se trouvait mieux ; le surlendemain, mieux encore, et son état s’améliorant rapidement, au bout de huit jours il fut en pleine convalescence.

Le pauvre homme reçut alors les cent écus promis, puis un certificat attestant qu’il avait guéri le seigneur, quand les autres médecins n’entendaient rien à sa maladie.

Il porta les cent écus à sa femme, et, muni de son certificat, il se rendit à un autre château du pays où un autre seigneur était malade depuis longtemps, et, comme le premier, faisait le désespoir des docteurs. Le bruit de sa première cure s’était déjà répandu dans le pays, et, sur la présentation de son certificat, il fut vite introduit auprès du malade. Il demanda deux cents écus pour le guérir, et on les lui promit sans difficulté. Son compère l’Ankou était encore au chevet du lit, et, malgré ses signes de désapprobation et son air colère, le médecin manœuvra comme précédemment, de manière à le mettre au pied du lit. Au bout de huit jours, ce seigneur était encore sur