Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/383

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— Que l’on commence par changer de bout au lit, qui est mal placé ; et vite, vite ! s’écria-t-il tout d’abord.

Ce qui fut fait sur le champ, malgré les signes de mécontentement de son compère l’Ankou. Puis il tâta le pouls du vieux roi, examina son urine, donna une fiole d’eau dont on devait lui faire boire une cuillerée d’heure en heure, et se retira ensuite, en disant qu’il reviendrait le lendemain matin.

Le lendemain, le roi allait beaucoup mieux et semblait ressusciter et se fortifier d’heure en heure ; le surlendemain, il était mieux encore, et au bout de huit jours il était complètement rétabli.

Notre homme revint alors dans son pays, comblé de présents et accompagné de quatre mulets chargés d’argent. Il acheta des fermes et des bois, fit bâtir un château magnifique et, se trouvant assez riche, il cessa de faire de la médecine.

Son compère l’Anhou le guettait toujours, et plus d’une fois il l’avait aperçu au chevet de son lit. Mais aussitôt il sautait dehors, retournait le lit et n’avait plus rien à craindre. Il vécut ainsi très-longtemps, plusieurs centaines d’années, si bien qu’on l’avait surnommé le père Trompe-la-Mort.