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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/51

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— Oui, oui, il faut que tu te maries.

— Mais qui donc voulez-vous que j’épouse, maître ?

— La première fille que nous rencontrerons sur notre chemin.

— Soit, puisque vous le voulez ainsi.

Peu après, ils rencontrèrent une fille laide et sale, une servante de ferme, en sabots et les jambes toutes couvertes de bouse de vache.

— Eh bien ! Pierre, dit notre Sauveur en la voyant, voici celle qui sera ta femme.

— Non, certainement, ce ne sera pas là ma femme ! répondit Pierre en faisant une grimace.

— Pourquoi donc ne veux-tu pas d’elle ?

— Pourquoi ? Voyez comme elle est laide et sale, et pas jeune même !

— Toi aussi tu n’es pas jeune, ni aussi beau garçon que tu le crois, peut-être. Eh bien, puisque tu ne veux pas de celle-là, ce sera la première que nous rencontrerons à présent.

— J’aime mieux cela, car je pense qu’il nous sera difficile de rencontrer plus mal.

Et ils continuèrent leur route et ne tardèrent pas à rencontrer une vieille fille, appuyée sur un bâton, le chef branlant, les yeux chassieux, et plus sale encore que la première. Notre Sauveur, en la voyant, sourit, et se tournant vers Pierre il lui dit :