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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/56

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maître forgeron, le premier des forgerons, vous avez trouvé votre maître, il me semble ?

— C’est possible ; mais j’essaierai quand même, car j’ai de la peine à croire qu’il existe un forgeron au monde capable de faire quelque travail du métier que je ne puisse faire moi-même.

Les trois voyageurs partirent alors, et la jolie femme les suivit.

Saint Pierre était tout heureux, à présent, de se voir une fiancée si jeune et si belle, et il ne se faisait plus prier pour approcher d’elle. À peine eurent-ils quitté la forge, que le maître forgeron dit :

— Je ferai aussi ce qu’a fait cet homme-là, et il ne sera pas dit que j’ai trouvé encore mon maître.

Et, prenant sa vieille mère, il la jeta au feu. Mais, hélas ! quand il la retira de la fournaise pour la battre sur l’enclume, à chaque coup qu’ils frappaient, lui et son compagnon, le sang jaillissait de tous côtés avec des morceaux de chair rôtie et d’os broyés. Et ils frappaient de plus belle ; mais ils avaient beau faire, ils ne voyaient pas arriver la femme jeune et belle qu’ils attendaient. Voilà le forgeron désolé d’avoir tué sa mère, et inquiet des suites qui pouvaient en résulter pour lui. Il courut après les trois étrangers. Il les vit de loin qui gravissaient une côte et leur cria :