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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/80

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— Accordé, reprit le bon Dieu.

— En second lieu, je demande…

— Demande le paradis, dit saint Pierre en l’interrompant.

— Ah ! oui, du pain doux[1] ; il me semble que j’en ai assez de pain doux comme cela ! Ma marâtre ne met jamais un grain de sel ni dans mon pain ni dans ma soupe… Je demande donc, en second lieu, un arc avec lequel j’atteindrai tout ce que je viserai.

— Accordé, répondit encore le bon Dieu ; mais, au moins garde-toi de te servir de ton arc pour faire le mal.

— Et enfin, en troisième lieu, je demande…

— Le paradis ! dit encore saint Pierre.

— Laissez-moi donc tranquille, vous, avec votre pain doux… Je demande, en troisième lieu, une flûte qui fera danser, malgré eux, tous ceux qui l’entendront, quand j’en jouerai.

— Accordé ! dit encore le bon Dieu ; je t’accorde tes trois souhaits ; mais n’en abuse pas pour faire du mal à personne, et nous nous reverrons encore un jour. Au revoir donc, mon enfant.

  1. Il y a ici un jeu de mots intraduisible en français, et qui roule sur l’assonnance que présentent les mots baradoz, qui signifie paradis, et bara douz, qui signifie du pain doux ou sans sel.