Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/98

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La chapelle était si vieille, qu’elle menaçait ruine, et tous les hiboux des environs y avaient établi leur demeure. Voyant cela, le seigneur et la dame résolurent de la faire réparer, et ils appelèrent des ouvriers pour en renouveler la toiture, consolider les murailles, qui étaient toutes lézardées, et peindre à neuf les saints. Tout le temps que durèrent ces travaux de restauration, la dame ne cessa d’aller chaque jour s’agenouiller devant l’image du saint patron et de lui adresser sa prière, comme devant. Un des peintres dit un jour à ses camarades, assez haut pour être entendu de la dame :

— Elle aura beau prier ce vieux saint vermoulu ; celui-là ne lui fera pas avoir d’enfant. Que ne s’adresse-t-elle plutôt à un de nous ? Alors, elle pourrait bien avoir garçon ou fille.

La dame avait bien entendu ces paroles, et elle sortit et ne dit rien. Mais, pendant le reste du jour et toute la nuit qui suivit, elle ne fit qu’y songer, et, quelques jours après, ce ne fut plus au saint qu’elle s’adressa, mais bien au peintre lui-même, qui était jeune et assez joli garçon.

Environ neuf mois après, elle donna le jour à un fils. Son mari, qui ne se doutait de rien de ce qui s’était passé, en était heureux et fier, et il voulut que l’enfant fût appelé le fils de saint