Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/162

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Cependant son état empirait ; il baissait chaque jour, et on introduisit un prêtre dans sa chambre.

Quand il l’aperçut, il devint furieux ; il l’injuria, et le prêtre se retira. Mais sa conscience n’était pas tranquille, et il revint peu après.

Le malade le reçut encore avec des transports furieux, des jurons et des insultes, et il lui fallut se retirer de nouveau.

La nuit était venue ; il faisait sombre, et la dame dit à un domestique d’accompagner le prêtre, avec une lanterne, jusqu’à son presbytère.

Ils n’étaient pas loin encore qu’ils furent dépassés par deux chevaux noirs lancés à fond de train, faisant feu des quatre pieds et des naseaux. Et comme ils passaient près d’eux, une voix cria :

— Je vais brûler éternellement dans les feux de l’enfer !

— Connaissez-vous cette voix-là ? demanda le prêtre à son compagnon.

— Grand Dieu ! c’est celle de mon maître ! répondit celui-ci.

— Et l’autre, c’est le diable qui l’emporte, reprit le prêtre.

En effet, le malade, suffoqué par la fureur que lui avait causée la vue du prêtre, était mort aussitôt après son départ.