Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/166

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une petite fille de dix ans, qui faisait partie de l’auditoire et s’intéressait vivement au récit du conteur.

— La vieille dame, reprit celui-ci, était tombée évanouie, la face contre terre. Le prêtre la releva, et quand elle revint à elle, elle se confessa, puis elle entra dans un couvent, où elle mourut comme une sainte.

— Et l’or gagné par elle ? demanda encore l’enfant.

— Les pièces d’or du diable se changèrent en autant de feuilles sèches, des feuilles de hêtre, qu’on jeta au feu, comme on y doit jeter tout ce qui vient du malin esprit (ann drouk-speret)[1]


(Conté par Vincent Croat, ouvrier de la manufacture des
tabacs de Morlaix, mai 1874.)



  1. Le saint vicaire dont il est question ici est un ancien curé de la paroisse de Saint-Mathieu de Morlaix. Le souvenir de sa piété et de sa science comme conjurateur et exorciste survit dans le peuple. On voit encore dans l’ancien cimetière de Saint-Mathieu sa pierre tumulaire, sur laquelle on lit : « Icy gist moi, messire François Jagv, mort le 20 juillet, l’an 1707, âgé de 89 ans, après avoir été pasteur de cette paroisse 49 ans. »