Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/244

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Un soir qu’elle était à la fenêtre de sa chambre, dans son couvent, elle vit passer un jeune et beau capitaine d’armée. Le capitaine la remarqua, s’arrêta à la regarder et lui fit signe de venir le rejoindre. Gagnée par l’esprit du mal, ou plutôt obéissant à sa destinée, elle descendit à l’aide de ses draps de lit, qu’elle noua, et suivit le beau capitaine. Celui-ci l’emmena à sa suite, pendant sept ans, de ville en ville, de pays en pays, et au bout de ce temps, sans qu’ils fussent mariés, elle avait eu sept enfants de lui. Enfin, il fut tué dans un combat, quelque part, et alors la pauvre femme se trouva sans appui, sans ressource et réduite à mendier de porte en porte, avec ses sept enfants.

À force de voyager de ville en ville, elle se trouva un jour, sans le savoir, devant le couvent où elle s’était retirée, et qu’elle avait quitté pour suivre son capitaine. En revoyant cette maison, elle pleura et se dit en elle-même :

— Voilà donc la sainte maison où j’aurais pu vivre heureuse avec les saintes filles qui l’habitent, et que j’ai quittée, pour mon malheur !

Et elle sanglotait et versait des larmes abondantes. Une religieuse, qui l’aperçut de sa fenêtre, crut la reconnaître. Elle alla en avertir la supérieure, qui eut pitié d’elle en la voyant dans un si triste état, avec les sept enfants couverts de