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saint Corentin, il lui demanda sa grâce et sa bénédiction.

Après s’être recommandé à son maître et bienheureux patron, il se mit gaîment en route, sous la protection de Dieu et de tous les saints.

Il fut longtemps absent ; son voyage fut long et difficile, et durant tout ce temps, il n’eut aucune nouvelle de sa femme ni de ses enfants.

Ô folles espérances de ce monde ! ô trahison cruelle ! Son compère abandonna ses enfants dans le besoin.

Tenté du démon, il garda l’argent que lui confia le pèlerin, avant de se mettre en route.

C’était pitié d’entendre les pauvres enfants qui criaient :

— « Mère, donnez-nous du pain ! il y a un jour entier que nous n’avons mangé !

— « Hélas ! mes pauvres enfants, leur répondait-elle, il n’y a pas un morceau de pain dans la maison ; le compère garde notre argent, comme un voleur. »

La pauvre femme fut forcée de vendre tout ce qu’elle avait, puis d’aller mendier avec ses enfants.