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que la complainte de Fontenelle, le siège de Guingamp et la délicieuse élégie de l’Héritière de Keroulaz, toutes trois encore en vogue chez nos paysans. Vers le même temps, Souvestre publiait ses « Derniers Bretons. » Ce livre fit époque dans l’histoire de nos mœurs, de nos traditions et de nos chants. De nos jours encore, on le consulte avec fruit. L’auteur apportait, dans l’accomplissement de sa tâche, une honnêteté, une probité d’esprit dont les pages de son œuvre, quoique vieillies, ont gardé le pénétrant parfum. Il eut le mérite de révéler la Bretagne à la France, d’appeler l’attention sur la plus originale des provinces françaises. Il écrivit en particulier, sur notre littérature orale et sur nos Mystères, des chapitres presque définitifs. Il suffirait de quelques retouches pour les remettre au point. Force gens qui, depuis, se sont occupés de choses bretonnes, ont emprunté à Souvestre, — sans le nommer, il est vrai, — le meilleur de leurs ouvrages. Mais, toute justice une fois rendue à ce précurseur de nos études, il importe de faire observer qu’en composant son livre il avait surtout en vue de plaire au gros du public, qu’il vivait en pleine fièvre du

    dant, il conviendrait de mentionner d’abord les textes bretons qui figurent dans l’appendice du roman intitulé Guionvarc’h, et qu’on a longtemps attribué à la jeunesse de M. Jules Simon. Cette œuvre n’est pas de l’illustre académicien, mais elle a été écrite par un homme dont il vénère fort la mémoire, M. Dufilhol, ancien principal du collège de Rennes. De 1833 à 1839, cet homme estimable dirigea en outre une Revue de Bretagne, où parurent, sur notre pays, des études d’une haute valeur. Les traditions de cette Revue ont été reprises de nos jours, au point de vue scientifique, par les « Annales de Bretagne, » publiées sous les auspices de la Faculté, et, au point de vue littéraire, par l’Hermine, sous la direction de MM. Tiercelin et Beaufils.

    Puisque je parle des écrivains qui se sont le plus intéressés à la recherche des vieilles chansons populaires, je ne saurais passer sous silence les deux Le Jean, l’un célèbre surtout comme voyageur, l’autre, plus connu sous son pseudonyme d’Eostik Coat-an Noz « le Rossignol du Rois de-la-Nuit. » dont il a signé plus d’un gracieux poème en langue bretonne.