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QUAND JE PASSE DEVANT LA
PORTE DE VOTRE JARDIN
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   Quand je passe, passe devant la porte de votre jardin,
Je sens, je sens l’odeur du thym.

   Du thym, de la lavande, et de l’ambre ;
Ma maîtresse jolie, donnez-moi un bouquet.

   Moi, j’ai une maison jolie et un courtil,
Et un moulin à eau il y a à l’entrée de ma cour.

   Moi, j’ai et une maison et un colombier,
Une fille jolie est tout ce qui me manque maintenant.

   — Si c’est une fille jolie qu’il vous faut,
Cherchez-en une autre, moi, je ne suis pas celle qui vous convient ;

   De par mon Dieu je suis privée
De gentillesse et aussi de beauté.

   — Non, vous n’êtes de par mon Dieu privée
Ni de gentillesse, ni non plus de beauté.

   Vous, ma maîtresse, êtes une femme charmante,
Qui sait rendre, rendre mon esprit content.

  Or ça donc, ma maîtresse, du moins
Donnez-moi un baiser, avant de nous dire adieu !

   — Tenez, tenez ma main, et faites votre adieu,
Car, à coup sûr, mon visage vous ne baiserez pas[1].

   — Ça, mon Dieu ! qu’est-ce donc que j’ai fait,
Si vous êtes contre moi si grandement fâchée ?

   — Moi, je vendrai, je vendrai mes dentelles,
Et ma croix d’or, et aussi mes rubans ;

   Je me mettrai, mettrai à prier Dieu,
Et j’irai, j’irai au couvent avec elles, (les religieuses.)

   — Si vous allez, ma maîtresse, au couvent,
Moi, j’irai là me faire jeune prêtre.

  1. Var : — Car, à coup sûr, vous ne baiserez pas mon visage
    Il est fini, le temps des amours.