Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/243

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C’est dans un carrosse doré que je vais,
Avec quatre roues d’argent sous lui.

— Gentille héritière, vous êtes bien fière,
Le monde jase de vous.

— Comment jaserait-on de moi,
Qui possède cinq mille écus de rente ?

— Gentille héritière, dites-moi
Quelle espèce de rentes touchez-vous ?

— Une boisselée de froment, plus mille et sept,
Que touche mon père de Ménez-Breiz[1],

Et un bélier par jour du Léon,
Et il n’y a d’autre enfant que moi.

Il n’y a héritière en ce pays
Qui marche d’un pas avant moi,

Si ce n’est celle de Kerdadraon,
Et si elle le fait d’un pas, elle ne le fera pas de deux ;

Et si elle le fait de deux, elle ne le fera pas de trois,
Car je marcherai aussi vite qu’elle.

Et si elle le fait de trois pas, elle ne le fera pas de quatre,
Car on lui a rempli son panier ;

On lui a rempli son panier,
Au rebours de celui d’un colporteur ;

Le colporteur porte sur son dos,
L’héritière porte par devant ;

Un paysan de la campagne
A d’un fardeau chargé[2] l’héritière.


(Chanté par Mle Ais Le Noan).
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  1. Peut-être la montagne de Bré, qui est inculte.
  2. Var : trompé.