La plus fragile marchandise qu’il y ait sur la terre
Est celle des jeunes gens ; ma maîtresse, vous le savez :
D’abord être trompé, ensuite avoir eu confiance
En troisième lieu, perdre sa fortune[1], — Prenez garde, si vous voulez.
Si j’avais eu crayon, plume, encre et papier,
Je composerais une chanson pour passer le temps ;
Je composerais une chanson à moi et à ma maîtresse jolie,
Qui m’a planté dans le cœur une fleur de tourment.
Je vois ma maîtresse, en son jardin retirée,
Noyée dans ses larmes, qui plante trois bouquets ;
Qui plante trois bouquets des plus belles fleurs,
Pour faire sa couronne, un jour viendra ;
Et qui en plante trois autres de fleurs nouvelles,
Pour faire la mienne, trois jours après.
Je vois ma maîtresse sous un laurier,
(Elle porte) l’image du crucifix à son cou ;
(Elle porte) l’image du crucifix à son cou,
Elle me fait signe d’aller près d’elle.
— N’est-ce pas vous, ma maîtresse, qui m’aviez dit
Qu’à vingt-cinq ans vous vous fianceriez à moi ?
Qu’à vingt-cinq ans vous vous fianceriez à moi,
Qu’au début de vos vingt-six vous m’épouseriez ?
— Si vous étiez à Paris, procureur ou notaire,
Vous ne jetteriez pas les yeux sur une fille d’aussi petite condition.
— Si j’étais à Paris, empereur ou roi,
Et vous, ma maîtresse jolie, (condamnée) à mendier
votre pain de chaque jour,
- ↑ Perdre sa fortune, signifie manquer le bon mariage sur lequel on comptait.