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Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/313

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   Il a de la muscade dans ses chaussures,
Et de la lavande dans ses poches.....

   — Taisez-vous, ma fille, ne pleurez pas !
Meilleur que celui-là vous épouserez.

   — Meilleur que celui-là si j’épouse,
Je n’aurai pas eu mon envie, en ce monde ;

   Dussent les gens y trouver à redire,
Si j’étais avec lui mendiant mon pain,

   (Du moins) j’aurais eu en ce monde mon envie,
(Tandis que) maintenant je puis dire que je ne l’ai pas (eue).

   Mais, si Jésus-Christ y consent,
Je serai faite veuve, dans trois mois !

   Je serai, dans trois mois, faite veuve
Et serai mariée à mon clerc !

II

   Voilà que Jeannette a obtenu ce qu’elle désirait,
Et, au bout de trois mois, elle a été faite veuve ;

   Au bout de trois mois, elle a été faite veuve ;
Et le clerc n’est pas (encore) marié.

   Jeannette s’en allait, à la brune,
A la rencontre dudit petit clerc ;

   Et comme par le chemin elle venait,
Son doux clerc elle a croisé.

   — Clerc, petit clerc, attendez-moi ;
Vous êtes à cheval, moi, je ne suis pas ;

   Vous êtes à cheval,
Et moi, je suis ici sur mes deux pieds.

   Je vous ai vu un temps
Où vous m’eussiez attendue, pour marcher côte à côte,

   Et (où) vous eussiez retiré vos gants
Pour me fourrer des poires dans les poches.

   — Si ce temps-là a existé pour moi,
Maintenant, Jeannette, il n’est plus.

   Jeannette, sitôt qu’elle entendit,
Trois fois à terre s’affaissa ;