Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 2 1890.djvu/223

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Mais le clerc flaira la chose, alla au seuil de la porte,
Y frappa doucement, et se fit ouvrir.

   L’héritière s’imaginait, en ouvrant la porte,
Que c’était le visiteur habituel qui demandait qu’on lui ouvrît,

   Et elle de lui dire : « Venez en votre lit, promptement,
Et quand vous aurez soupé, passez votre chemise fraîche. »

   L’amoureux de l’héritière, peu après,
Comme le clerc était (couché) avec elle, arriva aussi.

   Celle-ci, pensant que c’était le jeune clerc,
Lui jeta à la figure presque plein son pot de chambre.

   Il s’en alla, — sans doute était-il fâché, —
En expectorant mille malédictions sur le cœur des filles ;

   Il dut laver ses hardes, avant de paraître devant les siens :
L’odeur (de l’urine) d’un chrétien, généralement, a coutume de
_________________________________________ sentir l’aigre.

   Quand s’éveille le laboureur, il sort (de son lit)
Il comprend que son frère est dans la chambre de l’héritière.

   Et voyez la finesse qu’eut le laboureur.
Pour tromper son frère et la femme du meunier.

   En retournant au lit, il emporte le berceau
D’auprès du lit du mari, — sans réveiller l’enfant, —

   De l’autre côté du foyer, près de son lit à lui.
Peu après, la femme de se réveiller.

   La mère-nourrice alla se soulager,
Et elle était encore à moitié endormie, quand elle rentra dans la maison

   On avait dérouté la femme du meunier,
En sorte qu’elle alla, se guidant sur le berceau, rejoindre le laboureur.

   Vous n’avez pas besoin de demander, quand elle fut allée le rejoindre,
S’il avait dessein de se bien divertir.

   Le renard, quand il attrape une poule, ne la laisse plus courir ;
Un homme, qui se trouve près d’une fontaine, ne garde pas sa soif...

   Lorsque le jeune clerc eut pris congé (de la fille),
De la chambre de l’héritière il revint à son lit.

   Arrivé près de son lit, il trouva le berceau,
Et lui de passer de l’autre côté et d’aller trouver le meunier.

   Voilà le clerc joué, malgré toute sa finesse,
Puisque c’est d’après le berceau qu’il choisit son lit.

   Et lui de commencer à secouer le pauvre cher meunier :
— Réveille-toi, mon frère, dit-il, il nous est temps d’aller à la maison.