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   Laissons la patate reposer en paix :
Le matin, on la cuit, à midi et le soir ;
Disons qu’elle est notre recours, en ville et à la campagne.
Tous seront malheureux, si les patates viennent à manquer.

   Les paysans, avec du lait, les avalent telles quelles.
Pièce à pièce, (ils se les fourrent) dans le corps, celles d’entre elles
___________________________________qui peuvent se manger ainsi.
Les gentilshommes, dans les villes, les préparent délicatement,
Les envoient cuire au four, avec un morceau de bonne viande.

   Chantons à voix haute: Honneur aux patates,
Que l’on pose sur la table avant le plat de crêpes !


Chanté par Marie-Jeanne Marzin à Pédernec,
septembre 1888.
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LA CHANSON DE LA PAUVRETÉ
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Approchez, compagnie, et, avec patience,
Venez entendre une dispute, qui s’est nouvellement élevée,
Qui a été faite entre la pauvreté et la richesse,
Pour tâcher de savoir laquelle d’entre elles gagnerait le procès.

D’abord, le riche ramasse toute sa fortune,
Et, avec une certaine méchanceté, aux dépens des pauvres.

Voilà (par exemple) ce pauvre-ci qui va près de la porte du riche,
Il va le saluer d’une voix flatteuse :

— Bonjour à vous, mon parrain, me voici venu à votre maison !
— Ne viens pas me saluer avec une telle effronterie !

Il y a plein les chemins de gens de ta sorte, (qui cheminent) par bandes,
Et si je voulais partager, il ne me resterait rien !

Va-t-en de là, dit-il, sinon je te ferai déguerpir
Avec le bâton que j’ai en main, aussi longtemps qu’il durera !

Va-t-en de là, dit-il, de l’entour de ma maison,
Ou je lâcherai sur toi mon grand chien pour te manger !

Vous saviez parbleu ! bien, dit-il, qu’en prenant femme
Vous auriez des enfants et beaucoup de pauvreté.