(Il est arrivé) parmi les bons gars,
(L’ordre) de tirer au sort pour le service du Roi.
Dieu console ceux à qui il écherra !
Quand nous étions en ville assemblés,
Quelque trois cents gars,
Là, il y avait soupirs, chagrin et mélancolie,
Pour savoir qui serait soldat pour la paroisse de Loguivy
Quand je fus dans la chambre, près de tirer,
Je me mis à trembler,
En songeant dans mon cœur, dans mon esprit,
Que je serais soldat ; et ma crainte s’est justifiée.
Quand m’échut le billet,
Moi de me désoler !
O Vierge Marie ! le billet m’est échu,
Me voilà conscrit pour la paroisse de Loguivy !
On nous donna quelque peu de congé
Pour aller à la maison, alors,
Dire adieu à nos parents et à nos amis,
Et faire nos adieux à nos maîtresses.
— Bonjour à vous, ma douce Marie,
Le billet m’est échu !
Le temps est arrivé où il faudra vous quitter
Et vous délaisser, peut-être pour (tout) de bon !
— Serait-il possible, mon serviteur,
Que c’en est fini de notre (beau) temps,
Et que notre bonheur se change en amertume !
Je voudrais m’abîmer dans le cœur de la terre !
— Marie, ne dites pas cela,
Vous, vous avez toute liberté
De choisir votre désir, dans la paroisse de Loguivy,
Et moi, je suis désormais sous leur autorité.
En quelque lieu que je marche,
Je me souviendrai de Marie ;
Ni nuit, ni jour, elle ne sortira de mon esprit ;
Quand vous, penserez le moins, je viendrai vous revoir.
Marie, en toutes vos prières,
Souvenez-vous de moi,
Et si je reviens encore au pays jamais,
Je me comporterai envers vous comme un chrétien.
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