Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 2 1890.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


   Quand se mettent les filles à genoux,
Le veuf éclate de rire.

   Quand se lèvent les filles debout,
Il se prend, lui, à les embrasser (à pleins bras).

   Quand s’en vont les filles en leur chemin,
Le veuf va pour les accompagner.

   — « Va-t-en, bien vite, vieux veuf moisi,
« Faire enterrer ta femme ! »

   Quand va le corps hors de la maison,
Le vieux veuf a le nez long.

   Quand va le corps dans la cour,
Le vieux veuf ulule à force.

   Quand arrive le corps dans la route,
Le vieux veuf grince des dents.

   Quand va le corps dans la charrette (le corbillard)
Le vieux veuf est navré.

   Quand la charrette commence à rouler (s’ébranle),
Le vieux veuf fait mine de pleurer.

   Quand va le corps dans le cimetière,
Le veuf dévisage les filles.

   Quand le corps entre dans l’église,
Le vieux veuf simule une démarche lasse.

   Quand va le corps sur les tréteaux funèbres,
Le vieux veuf casse des noix.

   Quand va le corps en terre,
Le vieux veuf se choisit une compagne.

   Le vieux veuf bonjourait,
Chez le meunier quand il arrivait :

   — « Et bonjour à vous, meunière,
Consentiriez-vous à marier votre servante ?

   — « Sa mère est en vie, en vie son père,
Il serait bon de les consulter ;

   Elle, est là-bas occupée à traire les vaches,
Si vous en avez envie, veuf, allez la trouver...

   — « Et bonjour à vous, Soézic[1] chérie,
Est-ce que les vaches donnent beaucoup de lait ?

  1. Diminutif de Françoise.