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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/113

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était plus étonnant encore, je ne sentais aucun corps résistant. Les trois fantômes défilèrent devant mon lit, s’éloignèrent lentement, et, arrivés à la porte, ils s’abaissèrent, s’abaissèrent graduellement, et passèrent par-dessous. Ils disparurent. J’étais fortement intrigué, vous devez le penser, mais, je n’avais pas peur. Peut-être vont-ils revenir, me disais-je, et s’ils reviennent, il faut que je fasse en sorte de voir leurs figures ; je les reconnaîtrai peut-être. Et je disposai des allumettes sur ma table de nuit, pour allumer ma chandelle, aussitôt que je les verrais reparaître. Mais, j’attendis en vain ; rien ne bougea, rien ne se montra. Je me mis alors à réfléchir, et à me demander ce que cela pouvait signifier. C’est peut-être, pensai-je, un avertissement que Dieu m’envoie de ne plus refuser d’écouter ceux qui viennent me commander des messes pour des personnes mortes, qu’ils disent leur être apparues ? J’ai, sans doute, tort de me moquer ainsi de ces pauvres gens, et de ne pas prendre au sérieux leurs demandes. Désormais, j’agirai autrement et je dirai toutes les messes qui me seront ainsi commandées. — Et si je n’étais pas encore entièrement convaincu, il s’en fallait de bien peu. Enfin, après y avoir longuement pensé et réfléchi, je dis un De profundis, et je m’endormis tranquillement.

Assez peu de temps après, Dieu m’envoya un second avertissement, qui finit de me convertir, entièrement.