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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/17

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entendre leurs miaulements lugubres. — Ah ! qu’il fait bon entendre conter des histoires de revenants, près du feu !

Le vieux Gorvel a pris place sur l’escabeau du conteur. Il a donné un premier assaut à l’écuellée de cidre doré à laquelle il a l’habitude de demander son inspiration et sa verve : — il va conter : — écoutons-le.


« À l’époque du grand jubilé, — je ne sais pas bien l’année, mais il doit y avoir de cela au moins quarante ans, — il y avait une telle affluence de monde dans les églises, que, depuis le point du jour jusqu’à la nuit close, tous les confessionnaux étaient assiégés. On avait toutes les peines du monde à y arriver. On avait cependant installé contre tous les piliers de l’église de Plouaret des confessionnaux supplémentaires, faits avec des draps blancs soutenus par des anneaux mouvants sur des tringles de fer en demi-cercle, derrière lesquels on se retirait avec les confesseurs.

— J’étais alors domestique à Kériavily. Ewenn Pasquiou, que vous connaissez tous, y était aussi en même temps que moi. Depuis deux jours, nous passions tout notre temps à l’église de Plouaret, attendant notre tour, et nous n’avions encore pu arriver jusqu’au confessionnal. Nous en étions très-contrariés. Pasquiou s’avisa, le deuxième jour, de passer la nuit dans l’église, dans le confessionnal même, disant, avec raison, que nul autre n’arriverait