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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/190

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Et le corbeau qui était en liberté (c’était le mâle), se laissa attacher les deux fioles aux pieds, puis il se mit encore à crier :

— Rends-moi, à présent, ma femme ! rends-moi, à présent, ma femme !

— Je ne la lâcherai que lorsque je tiendrai les deux fioles pleines.

Le corbeau mâle partit, alors. Il retourna au bout de trois jours. Mais hélas ! il n’avait pas d’eau ; ses deux fioles étaient vides. Et dans quel triste état il était, le pauvre animal ! Ses plumes étaient toutes brûlées, et il était à moitié mort !

— Tu n’apportes pas d’eau ? lui demanda Petit-Louis !

— Hélas ! non, je n’ai pas pu. Deux serpents à sept têtes gardent les deux fontaines, et ils vomissent du feu par toutes leurs gueules et brûlent tout ce qui s’approche à la distance d’une lieue à la ronde. Voyez en quel triste état ils m’ont mis !

Et en effet, c’était pitié de le voir.

Alors, Petit-Louis envoya la femelle, avec les deux fioles attachées à ses pieds. Celle-ci fut plus heureuse, et elle revint sans mal et rapportant les deux fioles pleines. Pour éprouver la vertu des eaux, Petit-Louis versa deux gouttes de l’eau de mort sur le pauvre corbeau qui avait été si maltraité, et il expira aussitôt. Puis, il versa sur lui deux autres gouttes de l’eau de vie, et il ressuscita, avec toutes ses plumes et aussi bien portant que jamais. —