Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle sortit, ou à travers la porte, ou par dessous, ou par le trou de la serrure ; je n’en sais rien. Il faisait clair de lune, et je la reconnus très-bien. Elle avait les mêmes vêtements qu’elle portait d’ordinaire.

Je restai là, immobile, comme pétrifié, en quelque sorte, au point que ma femme, ne sachant si j’étais sorti, m’appela et me demanda ce que je faisais. Je regagnai mon lit et ne lui dis rien de ce que j’avais vu. L’enfant se rendormit presqu’aussitôt, et, de la nuit, il ne se plaignit plus de sa grand’mère. Mais, moi, je ne dormis pas, et toute la nuit, et la journée du lendemain, je fus obsédé par le souvenir de cette vision. J’en parlai enfin à ma femme. Elle y crut, et eut peur comme moi.

La nuit suivante, nous ne pouvions dormir, tant nous redoutions d’entendre l’enfant nous appeler encore, pour le délivrer de sa grand’mère. Et en effet, c’est ce qui arriva. Laouic se mit encore à pleurer et à m’appeler pour chasser sa grand’mère, qui était encore sur lui et l’empêchait de dormir. J’engageai ma femme à se lever et à aller voir. Elle ne le voulut jamais : moi non plus je n’osais pas, et nous laissâmes le pauvre Laouic appeler et pleurer. Heureusement, qu’il s’écria bientôt : — Ah ! je l’ai bien poussée hors du lit. Puis il s’endormit.

Le lendemain matin, j’allai au bourg, trouver le curé. Je lui racontai la chose comme