Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Voleur ! voleur !! voleur !!! — répondit encore une voix éclatante, toujours celle de Bilz.

La pauvre vieille tomba comme foudroyée, la face contre terre, et pleura à chaudes larmes. Puis, se résignant, elle se dit : — Puisque c’est la volonté de monseigneur saint Gily, c’est aussi, sans doute, celle de Dieu.

Et elle s’en revint à la maison, lentement et toute rêveuse. Quand elle y arriva, Bilz y était déjà, depuis longtemps, et il lui demanda :

— Eh ! bien, ma mère, que vous a dit le saint ?

— Le saint a mangé mes crêpes ; mais à toutes mes demandes il a toujours répondu : voleur ! voleur !…

— Quand je vous le disais, ma mère, qu’il n’y a pas de meilleur métier au monde ! Vous voyez bien que le saint lui-même est de mon avis.

III

Il fut donc décidé que Bilz irait apprendre le métier de voleur avec son oncle, et le lendemain, Marc’harit alla le lui conduire, à la forêt de Coat-an-noz, où il se tenait ordinairement. L’oncle promit de donner des leçons à son neveu, et Marc’harit retourna seule à sa pauvre hutte de Penn-an-Menez. Bilz lui promit pourtant qu’il ne la laisserait manquer de rien et qu’elle aurait de ses nouvelles, sans tarder.