Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/247

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On tira à la courte paille, pour savoir qui irait le premier. Le sort désigna le premier valet, nommé Iann-Vraz.

— Ne reste pas trop longtemps, lui dit l’autre.

— Dans une heure, une heure et demie au plus tard, je serai de retour.

La nuit était sombre. Bilz était à la porte de l’écurie, guettant une occasion favorable, et il avait tout entendu. Au bout d’une heure environ, il ouvrit la porte et se précipita dans l’écurie, en criant : — Quel froid de loup il fait ! — Il avait laissé la porte ouverte et le vent éteignit la lumière.

— Comment ! te voilà déjà de retour ? dit le second valet, croyant parler à son camarade.

— Ma foi, oui ; ma douce jolie Monic n’était pas là-bas, et après avoir mangé quelques boudins (ils sont excellents), comme rien ne m’y retenait, je suis revenu en toute hâte, pour que tu puisses y aller toi-même. Pars donc, vite, car ta douce y est et elle t’attend.

Dès qu’il fut hors de l’écurie, Bilz s’empressa de détacher la haquenée blanche du seigneur, celui de tous ses chevaux qu’il aimait le plus et que madame la marquise montait, pour aller à la grand’messe, au bourg de Loguivy. Puis, il mit à sa place une broie à broyer le lin, plaça une selle dessus, et partit alors, en emmenant la haquenée blanche.

Quand le second valet arriva à la ferme et qu’il vit son camarade qui était toujours là,