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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/249

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Comme ils avaient bu abondamment, ils s’endormirent bientôt.

Le lendemain, le seigneur se leva de bonne heure et courut à son écurie, pour s’assurer si Bilz avait enlevé sa haquenée. Il ne faisait pas encore bien clair.

— Eh ! bien, cria-t-il en entrant, Bilz est-il venu ?

Les deux valets, éveillés en sursaut, répondirent :

— Non ! non ! monseigneur, Bilz n’a pas osé s’approcher.

— À la bonne heure ! Alors, la haquenée est toujours là ?

— Certainement, monseigneur.

— Mais, où donc est-elle ? Je ne la vois pas.

— Nous sommes sur son dos, monseigneur, afin de la mieux garder.

Le seigneur s’approcha et voyant ses deux valets sur la broie à broyer le lin et sa haquenée absente, il comprit que le tour était joué. Furieux, il saisit un fouet et en cingla de conséquence les deux imbéciles. Puis, il monta à cheval, et courut chez la mère de Bilz.

Bilz avait prévu la visite, et il avait dit à sa mère, le matin, en se levant : — Le seigneur du Kerouez viendra encore, aujourd’hui, et il sera en colère, parce que je lui ai enlevé sa haquenée blanche, qu’il aime tant. Je me cacherai dans la barrique, comme l’autre fois, et quoiqu’il demande, si vous voyez mon doigt, au trou de la bonde, dites hardiment oui.